Le deuil. Une
épreuve qu’il nous faut traverser de multiples fois tout au long de notre vie.
Un combat de la vie contre la mort. Car c’est lors de la perte d’un proche que
le voile qui nous sépare de la mort se lève temporairement et nous laisse
entrevoir cette dernière telle qu’elle est réellement : une chose
difficile à accepter. De nombreuses questions se soulèvent alors. Qu’est-ce qui
nous attend au delà de ce voile ? Le Paradis au sens religieux est-il
réel ? Que devient l’âme des défunts ? Ces questions n’ont
d’autre but que de nous rassurer sur la perte de ces proches. En effet, quoi de
plus apaisant que de s’imaginer l’être aimé parti pour un monde meilleur ?
Toutes ces interrogations se trouvent être au cœur de l’écriture de La
Couleur des Lilas.
Au travers de ce film, je souhaite raconter deux
notions de deuil. Le deuil d’une jeune femme face au décès prématuré de son
petit frère, et celui de l’âme de ce dernier face au manque de sa vie à peine
entamée et de ses proches. Le deuil d’une vivante face à la mort. Et le deuil
d’un mort face à la vie. Ces deux points de vue s’entremêlent alors et révèlent des similitudes
inattendues, soulevant les mêmes doutes et les mêmes questions, les mêmes
peurs. Des peurs tout simplement humaines.
Car La Couleur des Lilas, au
delà d’être une histoire fantastique, est avant toute chose un drame humain. Un
drame contant l’histoire tragique d’une famille touchée par la mort et déchirée
par la douleur ; l’histoire d’une mère ayant déjà affronté la perte
de son mari et enseigné à ses enfants la force de surmonter le deuil. Selon
elle, tous les morts vont au Paradis, en un lieu choisi par les défunts même. Je
veux que l’histoire de cette famille touche et console, de par sa tendresse,
ses joies, ses peines, car ces émotions nous appartiennent et nous transcendent
tous. Y compris leurs rêves.
Et c’est dans ces rêves que
le récit nous emmène, principalement dans celui d’Arthur, bercé par la féérie
médiévale et les contes chevaleresques. Ainsi, l’horreur et la peur de la mort
se mêlent à la vie et à l’imagination sans faille d’un frère et d’une sœur liés
par la complicité et par le jeu. La gravité de la mort s’en trouve donc adoucie
par une représentation du Paradis proche du songe et du conte pour enfant.
La Couleur des Lilas n'est donc pas qu'une histoire triste
sur la mort et le deuil. Il s’agit du simple reflet rêvé et imaginé de nos
propres peurs. Un hymne à la vie au delà de la mort. Car après tout, la mort
n’est peut-être pas si grave que cela. La prétendue existence du Paradis n’est
peut-être pas si absurde. Sait-on jamais.
Kevin Chemla